• Manque comblé …

    Manque comblé …

    Manque comblé … 


     J'étais là, assise sur cette plage, comme à mon habitude. C'était ma petite tradition nocturne. J'aimais m’asseoir face à la mer, m'appuyer contre le flanc abrupt de cette falaise de granit  pour observer les nuages se modifier au fur et à mesure des secondes qui s'écoulaient lentement autour de moi. Le ciel était encore clair à cette heure de la journée, le soleil n'allait se coucher que dans quelques heures et d'ailleurs c'était là mon instant préféré : lorsque cet astre rejoindrait l'océan pour leur ultime danse.
     Jusqu'au moment où, après m'être assoupie quelques minutes au cœur de cette nature paisible, d'ordinaire si calme ; je sursautais en m'éveillant, un éboulis de roches me tombait sur la tête ; quel était ce phénomène ?. 
    A l'instant où je me relevais pour voir ce qui se passait, je le découvris. Il était là comme sorti de nulle part, ses vêtements à moitié déchirés et son regard si énigmatique et attirant … 

    « Bonjour, excusez moi, mais je peux savoir ce que vous faîtes là ? Est-ce que vous allez bien ? »
     Il ne me répondit pas, il semblait pétrifié, comme apeuré par ma présence. 

    « Ne vous inquiétez pas, je ne vous veux aucun mal, est-ce que je peux vous aider ? Vous vous êtes perdu ? » 
    Je me rapprochais tout doucement au fur et à mesure de cet échange sans retour, quand il esquissa un demi-sourire. 

    « Oui, je suis perdu » 
    Il parlait peu et j'avais l'impression qu'il avait du mal à s'exprimer, d'où venait-il ? Qui était-il ? Était-ce un ange envoyé pour moi ? Non, il ne fallait pas que je me fasse d'illusion. 

    « - Vous voulez que je vous raccompagne en ville ?
    - C'est très gentil à vous madame, je veux bien aller à … euh ... on m'a parlé de la Grotte aux ...
    - La Grotte aux Souhaits, c'est ça ? ; vous n'en êtes pas loin, vous n'avez qu'à continuer tout droit sur deux cents mètres environ ensuite vous trouverez les panneaux qui l'indique.
    - Vous ne voulez pas venir avec moi ?
    - Euh oui, d'accord, cela me fera une petite promenade ; moi c'est Laora et vous ?
    - Je m'appelle Vivien, merci de votre aide et excusez mon apparence négligée, mais j'ai trébuché tout à l'heure.
    - Ah, vous ne vous êtes pas fait mal au moins, rien de cassé ? » 
    Pourquoi étais-je si intriguée par ce Vivien, il y avait un petit quelque chose chez lui qui éveillait ma curiosité, un je ne sais quoi qui me semblait familier, mais qu'est-ce que ça pouvait-être ?
    « - Bon allons-y car la nuit ne va pas tarder à tomber. »

     Nous partîmes donc en direction de cette grotte que je connaissais si bien, ce lieu était si rassurant, il offrait toutes les possibilités, on pouvait y penser et y dire tout ce qu'on désirait ; certaines personnes prétendaient que les vœux prononcés dans cette cavité s’exauçaient. 
     Pour moi, ils étaient tous restés vains, peut-être n'avais-je pas su les formuler, où que je n'y avais pas mis tout mon cœur, en tout cas, j'avais un peu de mal à y croire désormais, car vous savez lorsqu'on commence à douter de la foi, elle-même doute de nous. Toujours est-il que le fait de conduire Vivien en ce lieu me rappelait à mes souvenirs...

    #

     C'était il y a environ trois ans, j'étais allée dans cette grotte pour me parler à moi-même, je sais cela peut paraître étrange, mais j'aimais être à l'abri des regards pour formuler mes envies, j'aimais les dire à haute voix, pour être certaine qu'ils soient entendus. Je m'étais assise à même le sol, pour écrire mon vœu sur un bout de papier et j'avais clamé tout haut :  « J'aimerais rencontrer mon frère jumeau... » j'avais apposer un petit cœur pour terminer cet espoir, et en pliant cette feuille j'avais penser très fort à ce frère inconnu. Allumant la bougie que j'avais également apportée, j'avais brûlé mon papier, espérant que les cendres produites par ce petit feu s'envoleraient au plus près de lui, et qu'ainsi il pourrait m'apparaître. Hélas, rien ne s'était produit ; les jours étaient passés comme à leur habitude, toujours aussi tristes et monotones. J'avais cessé de me rendre dans cette sorte de chapelle et fini par me trouver un autre lieu, un ouvert sur le monde où rien n’obscurcissait ma vision de l'horizon. J'avais la mer pour moi seule et à perte de vue. Là, mes pensées pouvaient vagabonder à leur guise, elles n'étaient plus prises au piège.

    #

     Après quelques minutes de marche en silence, nous arrivâmes à la caverne :

    « - Nous y voilà Vivien, je vais vous laisser maintenant, j'espère que votre vœu se réalisera...
    - Oh mais c'est déjà le cas Laora, tu étais mon vœu … , cette grotte n'était qu'un prétexte pour être avec toi !
    - Quoi ? Comment ça ? Qu'est-ce que vous racontez ?
    - C'est moi, tu ne me reconnais pas ! C'est vrai qu'on ne s'est jamais vraiment vu, mais je dois avoir quelque chose qui t'intrigue n'est-ce pas ?
    - Non non, ce n'est pas possible ! C'est irréel ...
    - Si, c'est bien moi, tu te rappelles avoir fait un vœu il y a quelques années sur un bout de papier ? Et bien me voilà, j'ai enfin pût arriver jusqu'à toi, cela n'a pas été sans effort, mais je suis bel et bien là. » dit-il avec un sourire jusqu'aux oreilles. 

     Je n'en croyais pas mes yeux, malgré mes larmes j'arrivais à le voir, c'était donc lui, il était moi, ce moi masculin, ce moi manquant, comment était-ce possible ?!

    « Je suis juste venu te rassurer, je ne peux pas rester longtemps, mais je tenais à te dire que tout va bien pour moi et que tout se passera bien pour toi, tu trouveras le bonheur ; n'ait crainte petite sœur, je veillerais toujours sur toi où que tu ailles. Je dois partir, je sais ce fut court et je m'en excuse, mais je serais toujours là à tes côtés, et saches que je t'aime. »

     Il me prit dans ses bras et je pus enfin ressentir sa chaleur, il me surveillerait, comme il l'avait toujours fait, c'était mon ange, mon frère...

     Mais soudain, je fus seule de nouveau, il était partit par un baiser, un au revoir plein de tendresse et d'amour.

     M’effondrant de chagrin, ma main se posa sur un bout de papier signé d'un cœur où je pus lire : « Je t'aimais, je t'aime et je t'aimerais »  

    -Moi-
    (30/05/13)

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